- Je cite ce texte de l’article de Jean Gadrey :
En finir avec la « valeur économique »
<<
Les prix (et les choix de production et de
consommation), les salaires et les profits résultent de processus sociaux et
politiques souvent conflictuels qui font intervenir des « valeurs sociales »
hétérogènes et des institutions, des classes, groupes et réseaux sociaux, loin
du simplisme aussi bien de la théorie néoclassique que de la théorie de la
valeur travail ou de la valeur nature. >>
- Et je cite ce texte de Jean-Marie Harribey :
La richesse, la valeur, et l'inestimable...
<<
Cher Jean Gadrey, tu veux en finir avec la
valeur économique, alors qu’il faut en finir avec le système qui place la valeur
marchande au rang de « valeur » suprême, niant la valeur économique produite en
dehors de la sphère du marché, et/ou voulant la rapatrier en son sein, sans
parler des tentatives désespérées pour transformer ce qui n’est ni marchand ni
même monétaire en nouveau champ de rentabilité. >>
Je pense que les travaux de
François de Lagausie sont une contribution originale à la compréhension du
concept de Valeur en général et de la valeur économique en particulier.
Pour résumer : << ce qui a de la Valeur est ce qui est important ! >>
Voir son livre : « Les échanges inégaux de temps de
travail et l'inflation »
Il y développe une nouvelle théorie de la valeur économique dans laquelle ce concept :
- tout d’abord fait partie de l’ensemble des Valeurs,
- et d’autre part, se positionne à la rencontre dialectique de ces trois plans d’analyse :
- une
superstructure idéologique :
le niveau ou s’effectuent les jugements de valeur
(ex: j'accepte de payer ce
prix là)
- une structure
sociale : c'est-à-dire le niveau ou se fixent les prix ou les revenus
- une
infrastructure économique : dont dépend essentiellement le temps de travail
Autrement dit,
- d’une part, la valeur
économique n’est pas proportionnelle au temps de travail comme le propose Karl Marx
(mais elle en est dépendante faiblement ou fortement selon les cas de figure),
- et
d’autre part elle inclut un jugement de valeur, qui lui-même s’effectue dans un
contexte politique et social, et qui permet d’accepter tel prix ou tel revenu.
Cette théorie prend en compte
tout type de travail. Il n'y a pas comme le propose Marx, du travail productif
ou non productif.
Puisque la valeur économique
n’est pas proportionnelle au temps de travail, il convient d’observer cette
variation dans les échanges économiques,
c'est-à-dire observer les variations du
rapport entre les deux : l’ouvraison ( temps / valeur )
c'est à dire observer
soit : l'ouvraison d'un prix = temps / prix
soit : l'ouvraison d'un revenu = temps / revenu
Par exemple on peut très bien
observer l'ouvraison des revenus d'un sorcier ou d'un trader, elles sont très
faibles, alors que celles d'un ouvrier ou d'un paysan sont bien plus élevées. On
constate aussi que l'ouvraison du travail d'un coiffeur est relativement
constante, s'il n'augmente pas volontairement ses prix, alors que celle du secteur de l'électronique
ou du numérique est en baisse régulière,
grâce à l'augmentation de sa productivité.
Ces disparités objectives
permettent de porter jugement :
-
Il semble donc normal que le coiffeur augmente
volontairement le prix de la coupe de cheveux, pour conserver son pouvoir
d'achat ?
- Par contre, est-ce que le secteur de l'électronique baisse suffisamment ses
prix quand sa productivité augmente, au risque de générer de l'inflation ?
En 1978 François de Lagausie propose de mettre en place une
comptabilité nationale des échanges de temps de travail pour les mettre en
comparaison avec les échanges économiques en valeur.
On pourrait par exemple observer
les variations de l'ouvraison entre les différentes branches de
l'économie, en construisant un "Tableau de Leontief", non plus en
valeur mais en temps de travail. Cela permettrait de mettre en évidence
les disparités d'échanges de temps entre
branches de l'économie, par exemple entre les
paysans et les informaticiens.
Voir en Annexe :
UN EXEMPLE DE
COMPTABILISATION
Michel de Lagausie (08-2014)
|